Épisode 2. Outta Time, Outta Luck

Contexte
Personnages
Nom | Affiliation / Branche | Titre / Grade | Espèce | Trame d'origine |
---|---|---|---|---|
Agnes V. Rodriguez | Starfleet / Division Temporelle | Capitaine | Humain | Timeline Schak'Irra |
T'Met | Starfleet / Division Temporelle | Capitaine | Vulcain | Timeline Prime |
IA Lingua | Starfleet / Division Temporelle | N/A | Intelligence artificielle | Timeline Prime |
Beckett Mariner | Starfleet | N/A | N/A | N/A |
Montgomery Scott | Starfleet | N/A | N/A | N/A |
Michael Burnham | Starfleet | N/A | N/A | N/A |
Tom Paris | Starfleet | N/A | N/A | N/A |
Récit
602 ans plus tard. L’espace s’étendait devant nous, noir et insondable, percé çà et là par la lumière glacée des étoiles. Un vide si vaste qu’il semblait pouvoir avaler nos vies sans laisser la moindre trace. Dans ce silence absolu, seules vibraient les pulsations sourdes du vaisseau sous nos pieds — un rythme presque apaisant, si ce n’était cette tension qui serrait ma poitrine. Comme un sixième sens, une alarme muette dans mon esprit.
Nous étions venus répondre à un simple signal de détresse, émis par un cargo civil de type S-12. Un appel bref, coupé net au milieu d’une transmission brouillée. Sur place… rien. Pas un fragment de coque, pas un champ de débris flottant à la dérive, pas même une signature ionique résiduelle. Comme si ce vaisseau n’avait jamais existé.
Je fixai l’écran principal, m’efforçant de ne pas céder à l’inquiétude qui me nouait l’estomac. Chaque seconde qui passait rendait l’obscurité plus oppressante, plus vivante. J’avais cette sensation… une présence. Tapie là, dans le noir. Malsaine. Invisible… mais terriblement réelle.
Soudain, une vibration imperceptible traversa le pont. Un frisson glacial remonta le long de ma nuque. Les consoles clignotèrent d’un rouge alarmant, projetant sur nos visages des ombres agitées. Un silence lourd tomba, presque sacré, comme si l’univers retenait son souffle.
Puis la voix de mon premier officier fendit l’air, aiguë et rapide, saturée d’adrénaline.
Capitaine, un vaisseau Na’kuhl de classe Acheros vient de se désocculter ! Ils sont juste devant nous… À moins de dix kilomètres.
Quels sont vos ordres ?
Sur l’écran principal, l’Acheros apparaissait maintenant, immense et menaçant. Sa coque noire semblait absorber toute lumière, comme un trou dans la réalité, ses structures asymétriques irradiant d’une faible lueur rouge sang. J’eus la sensation absurde qu’il nous fixait, qu’il nous jaugeait, nous, insectes perdus dans le vide.
Si nous restons-là sans bouger, ils vont nous transformer en paquet de nouilles, capitaine.
Michael !!! On avait dit que c’était MOI qui faisais les répliques tordues, hééé !!!
Loin de moi l'idée de faire vos analyses tactiques à votre place, Beckett.
Arrêtez de vous chamailler vous deux !
Monsieur Paris, verrouillez leur signature.
Mariner, tous canons sur cible.
Burnham, analyse complète de leurs systèmes.
Scotty, statut des moteurs ?
Un grésillement nous parvint depuis l’ingénierie, suivi de la voix rauque et exaspérée de Scotty. Même à cette distance, je l’imaginais déjà couvert de suie avec un tourne-vis coincé entre les dents.
Capitaine, j’vous préviens… le plasma EPS tient avec du ruban adhésif et ma bonne volonté. Mais ça tiendra… tant que personne ne tousse trop fort.
Un sourire amer étira mes lèvres. Il fallait bien ça pour supporter l’instant.
Il faut que ça tienne, Monsieur Scott.
Monsieur Paris, enclenchez la manœuvre d’attaque Beta immédiatement.
Aye, Capitaine. Ciblage verrouillé, attaque Beta en cours.
Je vis ses mains se crisper sur les commandes, ses yeux briller d’un éclat fébrile. Il vivait pour ces moments où il pouvait danser sur le fil du rasoir.
Boucliers Na’kuhl actifs. Ils arment leurs batteries.
Un bip d’alerte retentit sur toutes les consoles. Le rouge clignotait, inondant la passerelle comme un avertissement de fin du monde. Je sentis mon cœur s’accélérer, cognant contre ma cage thoracique avec la force d’un canon phaseur.
Tom Paris fit basculer le vaisseau sur bâbord, amorçant la manœuvre d’attaque Beta. L’écran principal pivota, révélant le flanc blindé de l’Acheros. Ses structures asymétriques scintillaient de lueurs rouges instables, comme un organisme malade prêt à vomir sa haine.
Nous sommes en position de tir.
Feu phaseurs, maintenant !
Des rayons dorés fendirent l’obscurité, percutant les boucliers Na’kuhl dans un éclair incandescent. L’impact fit vibrer la passerelle tout entière. Les consoles surchauffaient, dégageant une odeur âcre de métal brûlé et d’isolane. Sur l’écran, leurs boucliers rouge sang vacillèrent sous le choc, sans céder.
Boucliers ennemis à quatre-vingt-neuf pour cent. Ils ripostent !
L’instant suivant, un trait d’énergie d’un rouge noirâtre traversa le vide et heurta nos propres déflecteurs avant. Le choc nous projeta en avant. Je me rattrapai à l’accoudoir, le souffle coupé.
Capitaine, j’vous conseille d’arrêter de les énerver. Les bobines EPS sont à deux doigts de nous exploser à la figure !
On continue. Paris, à nouveau, tir complet sur leurs émetteurs de boucliers.
Aye, Capitaine.
Les phaseurs frappèrent encore, cette fois avec une intensité accrue. Un arc d’énergie bleutée éclata sur la coque ennemie, projetant des fragments incandescents dans l’espace. Pour un instant, l’Acheros sembla vaciller, comme pris de convulsions mécaniques.
Leurs boucliers descendent à quatre-vingt-cinq pour cent… quatre-vingt-deux…
Capitaine, je détecte une montée de charge dans leurs systèmes d’occultation.
Ils essaient de fuir. Paris, poursuivez le tir tant qu’ils sont visibles.
Torpilles armées… feu !
Deux torpilles photon fendirent la nuit et frappèrent l’arrière du vaisseau Na’kuhl, arrachant un pan entier de leurs structures externes. Des gerbes de plasma rougeoyant s’échappèrent comme du sang de machine, se dispersant dans l’obscurité.
Attendez… ils inversent leur trajectoire…
Je vis l’Acheros pivoter sur son axe, s’éloigner de nous à pleine puissance, ses moteurs dégageant une lumière rouge sombre qui pulsait dans l’obscurité.
Ils fuient…?
Fuite tactique. Quelle bande de couillons, ces Na’kuhl.
Ils n’iront nulle part sans nous.
Monsieur Paris, poursuite à vitesse maximum.
Compris. On les rattrape.
Le vaisseau vibra lorsque nous plongeâmes après eux. Leurs moteurs laissaient derrière eux une traînée résiduelle que nous suivions comme un fil brûlant dans le noir.
Attention… je détecte un pic d’énergie subspatiale…
Capitaine… c’est pas bon, ils trafiquent un truc pas très net là…
Sur l’écran, un vortex se forma brutalement devant eux, aspirant l’Acheros dans une déchirure bleutée. Ses contours vibraient d’une énergie si intense que même l’espace semblait hurler en silence.
Ils ouvrent un vortex en pleine distorsion…
Monsieur Paris, suivez-les. Maintenant.
Tenez-vous prêts…
Capitaine, je vous conseille fortement de ne PAS faire ça, mais je suppose que vous allez le faire quand même…
Exactement, Scotty.
Le vortex nous avala. Les consoles grésillèrent sous la surcharge énergétique. Mon estomac se retourna sous la violence des turbulences.
Tous les systèmes fluctuent ! Turbulences extrêmes ! Yahooo !
Lecture impossible… je ne sais pas où ni quand mène ce vortex…
Des flashs aveuglants jaillissaient à travers la passerelle, un éclair rouge, puis bleu, puis blanc… et soudain, tout redevint calme.
On est sortis… mais…
Je relevai la tête. Devant nous, la vision me glaça le sang. Des dizaines de signatures Na’kuhl apparaissaient sur les capteurs. Partout. Tout autour.
Gloup… J’crois qu’on va passer un très, très mauvais quart-d’heure…
Capitaine… c’est une armada !!! Ils nous attendaient !
Boucliers ennemis actifs. Ils arment toutes leurs batteries…
Boucliers au maximum. Préparez-vous à riposter.
Capitaine… les conduits EPS vont exploser si on prend un seul tir direct…
Capitaine… Ils tirent.
Le premier impact nous secoua violemment. Puis un deuxième. Les alarmes hurlèrent, la coque grinça comme un vieil arbre sur le point de céder.
Boucliers à 8%… 4%… plus de boucliers !
Le réacteur principal est en surcharge…
Capitaine, je…
Une lumière blanche. Un grondement sourd. Puis plus rien. Le silence.
Les murs du vaisseau se dissipèrent pixel par pixel, laissant place aux parois noires et nues de l’holodeck. L’odeur de brûlé, la fumée, la peur… tout avait disparu. Seuls restaient Lingua, matérialisée devant moi, et l’arche holographique à l’arrière, par laquelle entra silencieusement T’Met.
Simulation terminée.
Résultat de la mission : vaisseau détruit, aucun survivant.
Félicitations, Agnes.
Encore raté. Grr…
Je n’ai jamais compris cette ténacité, presque obsessionnelle, que vous, humains, manifestez face à l’échec. Cette volonté de recommencer, encore et encore, même lorsque toute logique dicte l’abandon.
C’est totalement absurde de nous balancer des simulations dont le scénario est voué à l’échec.
Et pourtant… c’est peut-être ça, la différence. Vous, vous analysez. Nous, on espère. Même quand on sait qu’on n’a aucune chance. Parce qu’un jour, quelque part… l’échec ne sera plus programmé.
L’échec de cette simulation est probablement lié à la composition de votre équipe de passerelle. Vous avez sélectionné des officiers d’un autre temps qui, bien qu’exceptionnels, perdent de leur efficacité une fois sortis de leur contexte et intégrés dans un groupe disparate.
J’ai choisi ces officiers parce que notre équipage est, lui aussi, un patchwork d’êtres venus de différentes époques et timelines. Donc oui, je persiste à croire que ma stratégie est la bonne.
Il est illogique de persister à vouloir réussir ce scénario conçu pour échouer. Et pourtant… voilà plusieurs semaines que l’amiral Censsukr’ vous a qualifiée apte au commandement.
Hum hum… Excusez-moi. Capitaine Rodriguez, je me permets de vous rappeler que la Commandeur Chen vous attend depuis plusieurs heures dans vos quartiers… Avec, je cite, un bol de nouilles et un plan de survie pour le reste de la journée.
Je sais, je sais… Merci pour ce rappel, Lingua…
Je vous accompagne, Capitaine Rodriguez. Je dois également regagner mes quartiers afin de me préparer pour la cérémonie.