Épisode 135. L'USS Outta Time
Contexte
- Orbite Terrestre
- Navette Starfleet
Personnages
Nom | Affiliation / Branche | Titre / Grade | Espèce | Trame d'origine |
---|---|---|---|---|
Agnes V. Rodriguez | Fédération des Planètes Unies | Civile | Humain | Timeline Schak'Irra |
Angie Chen | Fédération des Planètes Unies | Civile | Humain | Timeline Schak'Irra |
Vexoriana-Lyss'ra Tarsi | Starfleet / Division Temporelle | Commandeur | Andorien | Timeline Prime |
T'Met | Starfleet / Division Temporelle | Capitaine | Vulcain | Timeline Prime |
IA Lingua | Starfleet / Division Temporelle | N/A | Intelligence artificielle | Timeline Prime |
Money Penny | N/A | N/A | Intelligence artificielle | Timeline Schak'Irra |
Manifestes
USS Enterprise Détruit en 1954 Dernier manifeste connu | VSS Schak'Irra | |
---|---|---|
Affiliation | OTAN | Starfleet / Ni'Var |
Localisation | 1954, à proximité de la Terre | 2554, amarré à la Base Stellaire de Starfleet |
Capitaine | Agnes V. Rodriguez | T'Met (Jeune) |
Premier officier | Angie Chen | Zaneth-Myra Lysana (Tarsi âgée) |
Intelligence Artificielle | IA Lingua (Officieux) | IA Lingua (Version initiale) |
Pilote | Éric Corda | N/A |
Communications | Émilie Flores | T'Killa |
Opérations | Charlène Savea | T'Less-Cop |
Tactique | Angie Chen | N/A |
Science | Manu | N/A |
Ingénierie | Gornok (Officieux) | N/A |
Armement avancé | Eros Vitos | N/A |
Sécurité | Robert Gomard (Officieux) | N/A |
Infirmerie | Victor S. Calpel K'hoka Khol'a (assistante) |
N/A |
Conseillé/Consultant | Manu | N/A |
Technicien de surface | Manu | N/A |
Récit
Cela fait maintenant plus de quinze minutes que nous avons quitté le Spatiodock Charles Tucker III. L’Enterprise-J s’est effacé derrière nous comme un rêve trop vaste pour être vrai. Depuis, la navette glisse silencieusement sur son cap, immuable, tandis que l’orbite défile lentement autour de nous.
Angie somnole à moitié dans son siège, un bras négligemment posé sur l’accoudoir, tandis que T’Met et Tarsi échangent à voix basse sur des sujets que je suis bien incapable d’identifier. Il pourrait tout aussi bien s’agir de mécanique quantique que de reproduction des tricoboules tholiennes — avec elles, tout est possible.
Je suis restée à l’avant, près de notre pilote, le regard collé à la baie vitrée. Je ne me lasse pas de cette vue. La Terre, sous nos pieds. Le noir sidéral, autour. Et cette circulation spatiale continue, millimétrée, presque chorégraphiée, faite de cargos, de satellites, de stations, de plateformes. Une ruche silencieuse où chaque trajectoire est dictée par une précision quasi divine. Le vrombissement régulier des moteurs et le bourdonnement léger des systèmes de bord donnent à l’ensemble un rythme hypnotique. C’est à la fois paisible… et étrange.
Je commence à me demander si cette fameuse « balade en orbite » a un but plus symbolique que réel, quand un changement subtil dans la lumière attire mon attention. La luminosité a diminué, presque imperceptiblement. Un voile sombre s’est glissé sur l’horizon. Et soudain, je le vois.
D’abord, juste une ombre difforme, accrochée à la courbure terrestre, dissimulée par l’éclat ambiant. Puis, à mesure que nous approchons, les contours se précisent. Un ensemble de structures tubulaires, de bras mécaniques, de plateformes suspendues dans le vide, toutes orientées autour d’un noyau central. Je me redresse légèrement. Même Angie rouvre un œil. Quelque chose me dit que cette balade touche à son point d’orgue.
Mmm, quel bric-à-brac. C’est Gornok que vous auriez dû emmener.
Un chantier spatial ? Vous allez enfin nous expliquer ce que l’on est venu faire ici ?
Mesdames, fini les mystères. Voilà notre destination.
La navette entame une approche lente et contrôlée du chantier. Entre les bras mécaniques, un espace s’ouvre — une large baie d’amarrage qui s’illumine progressivement à notre arrivée. À l’intérieur, la silhouette du vaisseau commence à se dessiner. Immense, mais encore en chantier. Une lumière bleutée caresse sa coque incomplète. Le pont d’envol s’ouvre devant nous.
Accrochage automatique effectué. Nous pouvons descendre.
Un léger déclic retentit. Le sas s’ouvre, laissant la lumière du pont d’envol se déverser dans la navette. Une à une, nous descendons et avançons lentement sur le métal vierge, encore imprégné de l’odeur du neuf. Les lumières s’adaptent à notre présence, s’intensifient légèrement. Rien ne bouge.
Soudain, un frisson lumineux traverse l’air devant nous. Une forme se matérialise en silence, comme projetée depuis le néant. En une fraction de seconde, elle est là.
Une femme. Blonde. Tenue violette moulante, presque irréelle. Posture droite, mains jointes dans le dos. Et ce regard… analytique, insondable. Comme si elle nous connaissait mieux que nous-mêmes.
Capitaine Rodriguez, Commandeur Chen, c’est un plaisir de vous accueillir à bord de l’USS Outta Time.
Nous nous arrêtons net. Angie recule d’un demi-pas, yeux écarquillés.
Mais, mais…
C’est… c’est toi ? Lingua ? Que fais-tu ici ?
Lingua ?! Mais t’es… entière. T’as des jambes, des… cheveux. Et fringuée comme une Emma Peel en mission d’infiltration ?
Effectivement, c’est bien moi. La capitaine T’Met m’a transférée dans le Outta Time, qui dispose d’holo-projecteurs et d’un équipement de pointe. Cela m’a permis de retrouver toutes mes capacités.
En tout cas, t’es ravissante. Si je n’étais pas en couple avec Agnes, je peux t’assurer que je te bondirais dessus comme une tigresse.
Oh ! Angie ! Un peu de tenue !
Ben quoi ? J’peux pas fantasmer un peu ? Ha-ha…
Je suis flattée, Commandeur Chen. Lorsque vous serez prête, je serai à votre disposition.
Lingua, Angie plaisantait.
Ooooh. Encore de l’humour terrien. J’aurais dû m’en douter.
Comment se fait-il que tu sois sur ce vaisseau ?
La capitaine T’Met a reçu le commandement de l’USS Outta Time et m’a fait transférer ici.
Sérieux ? C’est votre vaisseau ?
Exact. La Commandeur Tarsi et moi-même avons reçu, il y a quelques jours, l’ordre de l’amiral Censsukr’ de prendre la tête de ce navire en construction.
Et moi, j’suis son premier officier.
Wouaw. Félicitations ! Comme quoi, ce n’est qu’un juste retour des choses. T’as entendu, Agnes ?
Mwouais, j’suis pas sourde. Félicitations.
Lingua. As-tu terminé de préparer ce que je t’avais demandé ?
Oui, capitaine T’Met. Dois-je actionner la procédure ?
T’Met fait un signe approbateur à Lingua. Un petit bruit sourd résonne sur le pont d'envol, suivi d’un second plus familier. Deux plateformes s’élèvent lentement du sol, dévoilant des objets soigneusement disposés :
— sur l’une, une navette aux lignes familières et rutilantes, repeinte avec soin : Choupette 53.
— sur l’autre, une moto noir mat, massive, profilée, prête à bondir. Son logo Diavel brille faiblement sous les projecteurs. Une petite diode bleue s’allume sur le guidon.
Nom d’une crotte de papillon, c’est Choupette !!! Où est-ce que vous l’avez trouvée ?
Elle était en attente de destruction dans le complexe du désintégrateur de Miami. Nous l’avons récupérée de justesse.
Mais qu’est-ce qu’elle faisait là-bas ?
La navette Choupette 53 faisait partie des preuves que l’amiral Quihoui avait ordonné de détruire. Lorsque mon jeune double a appris ce qu’il s’était passé à San Francisco, elle a immédiatement fait annuler l’ordre.
On a également passé notre temps à la mettre aux normes actuelles tout en conservant son aspect d’origine. Ça a été un sacré défi.
J’adooooore. Elle est magnifique. Et la moto à côté, c’est celle d’Agnes ?
Effectivement. Après sa panne sèche sur le Golden Gate, le véhicule a été récupéré par une équipe de l’agent In'kògnytôh. J’ai chargé Lingua de la réparation.
Elle est comme neuve. Il est étonnant qu’elle ne vous ait pas explosé en pleine figure comme le prévoit son protocole.
Son protocole d’autodestruction était archaïque. J’ai pu le neutraliser et avoir quelques conversations intéressantes avec son IA intégrée. Regardez !
Alors que la diode bleue clignote sur le guidon, un vrombissement léger précède une pulsation sonore. La moto frémit. Puis, dans un jaillissement audio clair, une voix féminine synthétique s’élève, rythmée, un brin hystérique.
♪♫ À sé léjé, de la RAM, d’la data et du zip
♪♫ Je réveille les circuits et j’électrise le chip
♪♫ À sé léjé, j’roule vite, j’roule beau
♪♫ Et si tu touches à ma selle, je t’atomise au galop
🎶
Un éclair de LED parcourt la carrosserie, comme une vague de néons en boîte de nuit rétro.
Ooooh, j’vois qu’elle n’a rien perdu de son caractère. Merci, Lingua.
Hé, Agnes, dès que tu as le temps, il faudra que je te montre absolument mes nouveaux jouets.
Des nouveaux jouets ? Qu’est-ce que vous lui avez ajouté ?
De ce que j’ai pu remarquer, Money Penny a une tendance à tout exagérer. Elle a juste subi une mise à jour, et sa mémoire a été augmentée.
Ah, ok. Merci pour tout. Pourquoi ne pas avoir rapporté Choupette et Money Penny directement à l’appartement au lieu de nous faire venir jusqu’ici ?
Nous vous avons emmenées sur l’USS Outta Time, parce que quelqu’un souhaite vous rencontrer en personne.
Encore un mystère. Vous ne savez pas être franches et directes, pour une fois ?
Je ne sais pas exactement ce que je ressens. Entre Lingua qui se matérialise comme une holographique de série Z dopée au style intergalactique, Angie qui retrouve sa Choupette 53 comme une enfant qu’on aurait ressuscitée, et ma moto qui me chante du ketchup numérique avant de me proposer des « jouets »… disons que la matinée a pris un virage étrange.
Et pourtant, je sens que tout ceci a du sens. Que rien n’est là par hasard.
T’Met nous fait signe. Nous quittons le pont d’envol. Les portes se referment derrière nous avec un souffle étouffé, comme si le silence lui-même voulait garder ce moment pour lui.
Nous marchons dans les couloirs du vaisseau, encore nus, incomplets. Certains plafonds sont ouverts, des consoles désactivées, des parois sans revêtement. Mais l’essentiel est là. La structure. Le cœur.
Angie marche à mes côtés. Elle ne dit rien, mais je devine qu’elle ressent la même chose.
Nous atteignons une dernière porte. Elle est large. Haute. Derrière se trouve la passerelle de commandement. Ou du moins… ce qui en tiendra lieu.