Épisode 120. Vista Ridge Dreamin’

Récit

Sur Terre, à San Francisco, neuf formes de vie se matérialisent dans un faisceau lumineux. T'Met, Émilie, Charlène, Éric, Eros, Manu, Robert, Gornok, et K'hoka Khol'a se retrouvent debout sur un trottoir pavé, au cœur du quartier résidentiel de Vista Ridge, une enclave paisible nichée dans le Presidio.
Freischwimmer - California Dreamin

Le quartier est un modèle d'architecture futuriste, où les bâtiments en verre et en métal s’intègrent harmonieusement à la nature environnante. De vastes pelouses impeccablement entretenues s'étendent sous un ciel bleu éclatant, parsemé de nuages légers. Le Golden Gate Bridge domine l'horizon, son arche majestueuse baignant dans la lumière dorée du soleil couchant. Des sentiers sinueux traversent le quartier, où des joggeurs en tenue aux couleurs vives croisent des familles profitant de l'air frais. De jeunes enfants jouent avec des drones flottants, tandis que des vélos anti-gravité glissent silencieusement sur des voies dédiées.

Des jardins verticaux grimpent le long des façades des immeubles, et des fontaines holographiques projettent des arcs-en-ciel d’eau pure, offrant une symphonie apaisante de sons. Ici et là, des bancs en lévitation offrent des points de vue spectaculaires sur la baie de San Francisco. Les passants, habillés de tenues modernes et élégantes, échangent des salutations ou discutent en sourdine avec des interfaces holographiques flottant à hauteur de leurs poignets.

Tous sont choqués en voyant l'immense cube blanc planté au milieu d'une pelouse peu entretenue. Devant la façade se trouve un plot. T'Met invite l’équipe à se positionner dessus. Une fois tout le monde en place, ils sont automatiquement téléportés à l’intérieur du cube. L’espace vide et austère qui les accueille contraste avec l'extérieur, provoquant une nouvelle vague d'étonnement.

À l'intérieur, l'espace est étrangement vaste, presque oppressant par son vide absolu. Les murs lisses et blancs s'étendent sans interruption, comme si le bâtiment avait été sculpté dans un seul bloc de matière. Aucune décoration, aucun meuble, pas même une séparation pour indiquer une pièce. L’endroit ressemble à un immense atelier abandonné, où le moindre bruit résonne, amplifié par l’écho des pas sur le sol nu. Le vide est si total qu’il semble aspirer toute chaleur, toute vie, comme une toile vierge attendant d’être façonnée.

À peine a-t-elle prononcé ces mots que des cloisons et charpentes se mettent en mouvement. En quelques secondes, le vaste espace vide est transformé en un appartement luxueux, comprenant des chambres, un living, une salle à manger, une salle de bain et, pour couronner le tout, une terrasse avec piscine sur le toit.

Chacun reçoit un pad contenant un guide pour les aider à s'adapter au 26ᵉ siècle. Le groupe s’installe sur les canapés du salon et commence à lire attentivement les informations fournies.

T'Met se lève ensuite pour faire visiter les lieux à ses compagnons. Elle leur montre comment utiliser les commandes vocales pour activer ou désactiver les lumières, ouvrir les portes, les armoires, et même synthétiser des vêtements ou de la nourriture à partir du réplicateur. Tous sont fascinés par ces nouvelles technologies, bien qu’elles leur semblent étranges.

Aussitôt, le synthétiseur émet un sifflement, et cinq coupes de glace apparaissent sur le présentoir.

Durant le reste du week-end, chacun retrouve peu à peu une vie civilisée. Comme prévu, Charlène et Émilie tiennent leur pari et se baignent nues dans la piscine, profitant du soleil californien, tandis que T'Met s’isole dans sa chambre pour méditer. Une méditation qui ne se déroule pas sereinement, puisque des flashbacks de son passé reviennent, ravivant les terribles souvenirs de sa captivité chez les Russes, les tortures subies, les exécutions sommaires, des évènements qui lui ont fait perdre une partie d’elle-même.