Épisode 136. Ce n’est pas la fin, ce n’est jamais la fin
Contexte
- Orbite Terrestre
- USS Outta Time
- Passerelle
Personnages
Nom | Affiliation / Branche | Titre / Grade | Espèce | Trame d'origine |
---|---|---|---|---|
Agnes V. Rodriguez | Fédération des Planètes Unies | Civile | Humain | Timeline Schak'Irra |
Angie Chen | Fédération des Planètes Unies | Civile | Humain | Timeline Schak'Irra |
Vexoriana-Lyss'ra Tarsi | Starfleet / Division Temporelle | Commandeur | Andorien | Timeline Prime |
T'Met | Starfleet / Division Temporelle | Capitaine | Vulcain | Timeline Prime |
IA Lingua | Starfleet / Division Temporelle | N/A | Intelligence artificielle | Timeline Prime |
Censsukr' | Starfleet / JAG | Amiral / Juge JAG | Caetien | Timeline Prime |
Manifestes
USS Outta Time En construction | VSS Schak'Irra | |
---|---|---|
Affiliation | Starfleet | Starfleet / Ni'Var |
Localisation | 2554, Chantier spatial orbital de la Terre | 2554, amarré à la Base Stellaire de Starfleet |
Capitaine | T'Met | T'Met (Jeune) |
Premier officier | Vexoriana-Lyss'ra Tarsi | Zaneth-Myra Lysana (Tarsi âgée) |
Intelligence Artificielle | IA Lingua | IA Lingua (Version initiale) |
Communications | N/A | T'Killa |
Opérations | N/A | T'Less-Cop |
Récit
Les portes coulissent dans un souffle discret. T’Met en tête, suivie de Tarsi et Lingua, puis Angie et moi, avançons dans le silence feutré de ce vaisseau. À mesure que nous pénétrons sur la passerelle encore fraîchement installée, une sensation étrange m’envahit. Comme si ce lieu — à la fois familier et étranger — s’attendait à ce que je m’installe dans le siège du capitaine et que je donne l’ordre de départ.
Je divague, mais je me ressaisis. J’observe cette vaste pièce, fonctionnelle malgré son état transitoire. Quelques consoles encore bâchées, des sièges qui n’ont pas encore été assignés, une odeur de métal neuf et d’électronique fraîchement installée. Et, au fond, dominant l’espace de son éclat tranquille : l’écran principal.
C’est là qu’elle se tient. Silencieuse. Majestueuse. Une Caetienne, grande, droite, la queue sagement repliée autour de sa jambe. Sa fourrure crème est striée de marques sombres, presque argentées sous l’éclairage froid de la passerelle. Ses mains — ou devrais-je dire ses pattes — sont croisées dans le dos, son regard perdu dans la contemplation de la Terre, suspendue dans le noir de l’espace.
Je n’ai pas besoin de voir son visage. Je sais déjà de qui il s’agit. Angie le sait aussi. L’amiral Censsukr’, la nouvelle supérieure directe de T’Met et Tarsi, qui a succédé à l’amiral Quihoui au plus haut poste de la Division Temporelle de Starfleet.
À notre approche, elle se retourne lentement et me regarde droit dans les yeux.
Capitaine Agnes Valentine Rodriguez, Commandeur Angie Chen. Officières de la Flotte Spéciale Otanienne du 21ᵉ siècle, natives de la trame Schak’Irra.
Vos parcours sont, pour le moins, impressionnants. Vous avez survécu à l’explosion d’une ogive thermonucléaire de classe gigatonne expérimentale, commandé les vaisseaux USS Mercator et USS Enterprise — tous deux détruits au combat. Vous avez affronté les forces russes et les Tholiens, sauvé un président français, capturé un haut dirigeant russe, libéré des officiers de Starfleet — dont la capitaine T’Met — détenus en captivité pendant près de sept décennies, démantelé le Kremlin lui-même, abattu un dreadnought tholien, échappé aux pirates orions…
Et, d’après votre propre journal de bord personnel, Capitaine Rodriguez, vous avez rencontré une entité omnipotente nommée Q.
Enfin, ensemble, vous avez sauvé notre ligne temporelle tout entière.
Je dois avouer que ce n’est pas le genre de CV qui se croise souvent.
Heu…
Inutile de répondre. Cela fait plusieurs jours que j’étudie vos dossiers en détail.
Je tenais absolument à trouver une occasion de m’entretenir personnellement avec vous deux. Aujourd’hui, cette opportunité s’est enfin présentée.
Hum, vous savez... on n’a fait que notre travail.
Avec tout le respect que je vous dois, Amiral... notre objectif n’a jamais été de sauver votre ligne temporelle, ni la Fédération.
Notre priorité était de protéger l’alliance otanienne. Et nous avons échoué.
En détruisant notre temporalité, nous avons aussi condamné des milliards d’êtres humains sur notre Terre.
Je comprends votre position, Capitaine Rodriguez, et je la respecte. Mais ne croyez pas que vous avez échoué.
Qu’est-ce que vous voulez dire ?
Commandeur Tarsi, je vous en prie.
Lorsque j’étais sur la Mer de la Tranquillité, en train de vous attendre, j’ai détecté des traces résiduelles d’anciens vortex dans votre espace.
Je m’en souviens. Tu m’en avais parlé… pendant notre séance de boxe sur l’Enterprise.
Je les ai analysées cette semaine. Et il s’avère qu’il s’agissait de Ponts de Stabilisation Quantique.
Hein ? Tu veux bien me traduire ça en français ?
Ce que le Commandeur Tarsi essaie de dire, c’est que ces traces de vortex ont temporairement stabilisé une portion de la réalité Schak’Irra.
Comme si une sorte de sauvegarde partielle s’était ancrée autour de la Terre et de la Lune.
C’est complètement dingue cette histoire…
Ben moi, j’comprends rien…
Pour faire simple : la destruction de la trame Schak’Irra n’a jamais été totale. Certaines actions ont laissé des empreintes persistantes dans le flux de l’univers.
Merci, Lingua. Là, je commence à piger.
Mais à part Tarsi et le VSS Schak'Irra… qui aurait pu voyager entre les deux réalités ?
L’Amiral Quihoui et les Tholiens.
Hum, l'amiral Quihoui. Elle n’a pas encore été capturée ?
Non. À l’heure actuelle, d’autres priorités exigent toute notre attention.
J’ai ordonné à l’intégralité de la flotte de la Division Temporelle de se regrouper dans le système de Procyon V.
Vu la situation, je ne peux pas me permettre de détacher un vaisseau pour partir à sa recherche.
Vous n’allez quand même pas la laisser s’en tirer comme ça, sans bouger le petit doigt ?
Pas exactement.
C’est précisément pour cette raison que je vous ai amenées ici, à bord de l’USS Outta Time.
Nous ? Et qu’est-ce qu’on a à voir là-dedans ?
Vous — et votre équipage — allez reprendre du service.
Je vous recrute officiellement au sein de la Division Temporelle de Starfleet.
Amiral, j’ai beaucoup d’humour… mais je ne trouve pas cette plaisanterie de très bon goût.
La construction de l’USS Outta Time sera achevée d’ici dix mois. C’est le temps que je vous accorde pour vous préparer à en prendre le commandement, aux côtés de la capitaine T’Met.
Votre mission : retrouver l’Amiral Quihoui, et enquêter sur les anomalies persistantes de la temporalité Schak’Irra.
Vos connaissances de cet espace-temps, et vos antécédents sur le terrain, font de vous une candidate que je ne peux pas ignorer.
Et… je n’ai pas mon mot à dire ? Et si je refuse ?
Dans ce cas, il vous restera la possibilité de cultiver des vignes dans le fin fond de la France.
Allez, accepte, Agnes. On n’a rien d’autre de prévu.
J’accepterai. Mais à plusieurs conditions.
Vous avez toute mon attention, capitaine Rodriguez.
Tous les membres de mon équipage conservent leur grade.
Accordé.
Ensuite ?
Une assurance santé, cinq semaines de congés payés et un treizième mois.
Veuillez répéter. Je n’ai pas compris.
Amiral… les humains du 21ᵉ siècle avaient pour coutume de revendiquer certains droits en échange de leur travail.
De nos jours, ces garanties sont automatiquement assurées par la Fédération.
Merci pour ces précisions, Commandeur Tarsi.
Capitaine Rodriguez, toutes vos exigences sont acceptées.
Sur ce, je vous laisse. D’autres priorités m’attendent.
Elle tapote sur son combadge. Dans un halo bleuté, l’Amiral Censsukr’ se dématérialise silencieusement, sans un mot de plus. L’espace qu’elle occupait semble plus grand, d’un coup. Angie s’approche lentement de moi, les yeux brillants, et me serre dans ses bras, très fort. Elle ne dit rien, mais ses larmes trahissent tout. T’Met, Tarsi et Lingua nous rejoignent en silence, comme si quelque chose de fondamental venait d’être scellé entre ces parois encore nues.
Et voilà, cher lecteur. C’est ainsi que nous avons traversé le temps, en quittant notre bon vieux 21ᵉ siècle — avec ses guerres absurdes, ses pizzas tièdes et ses IA à demi finies — pour atterrir en plein cœur du 26ᵉ, avec ses vaisseaux rutilants, ses hologrammes à cheveux, et ses amiraux qui parlent comme s’ils connaissaient déjà la fin de l’histoire.
Nous avons perdu un monde. Trouvé un autre. Nous avons affronté des ogives, des Tholiens, des Orions, et des vérités qu’on aurait préféré laisser derrière. Et maintenant, on nous demande de recommencer. De repartir. De prendre les commandes d’un vaisseau qui n’est pas encore terminé, dans un univers qu’on ne comprend pas vraiment, à la recherche d’une traîtresse disparue et d’une réalité à moitié effacée. Je ne sais pas encore si j’ai accepté parce que je le voulais vraiment… ou parce qu’il n’y avait rien d’autre à faire.
Mais une chose est sûre : Ce n’est pas la fin. Ce n’est jamais la fin.
Dis, Agnes… maintenant que t’as fini de raconter ton histoire, on irait pas se taper un tacos ?
Tu crois qu’ils ont ça, au 26ᵉ siècle ?
Heeey, arrêtez de nous prendre pour des attardées. Le synthétiseur vient juste d’être installé dans le mess du Outta Time.
… Des tacos ?
Tacos. Recherche en cours...
Trouvé : plat terrien populaire du 21ᵉ siècle. Crêpe de maïs fourrée de viande, fromage… roulée et frite.
Fin du tome 1
Retrouvez la suite des aventures d’Agnes bientôt dans le Tome 2 : L’Ombre du Tyran Rouge