Épisode 5. Le bunker de l'Otan

Contexte
- Terre
- Bruxelles
- Bunker Otanien #1
Personnages
Nom | Affiliation / Branche | Titre / Grade |
---|---|---|
Agnes V. Rodriguez | OTAN / Flotte Spéciale | Capitaine |
Angie Chen | OTAN / Flotte Spéciale | Commandeur |
Eros Vitos | OTAN / Support Technique Sol-Air | Enseigne |
Récit
Angie et moi sommes à 200 mètres de profondeur. Nous pénétrons dans l'antre fortifié, le bunker n°1 de l'OTAN. Il porte ce numéro parce qu'il est situé dans la périphérie de Bruxelles, à la fois la capitale de la défense occidentale et le centre de commandement pour l’Europe. C'est en quelque sorte un Pentagone européen. La structure souterraine massive de plusieurs kilomètres cubes est également conçue pour protéger des milliers de personnes des menaces nucléaires. Depuis les premières années de la guerre froide, l'OTAN a entrepris la construction de complexes similaires dans les principales villes des pays membres, assurant ainsi une présence dissimulée mais prête à agir en cas d'urgence.

Nous parcourons le dédale de couloirs. Lorsque je contemple les allées avec les officiers qui y défilent, je ne peux m'empêcher de penser aux libertés perdues et aux sacrifices consentis par nos démocraties pour préserver tous ces secrets. La menace est bien réelle, car le monde a considérablement changé au cours des 20 dernières années. Le géant russe a réussi à reconquérir une grande partie des anciens territoires soviétiques perdus après la chute du mur, poursuivant son expansion vers le sud global, désormais sous l'emprise du mercenaire-gouverneur Dmitri Outkine à la solde du Grand Tsar Poutine. La Russie du Sud est devenue une triste réalité. Simultanément, la Chine devient de plus en plus menaçante, l'empereur Xi Jinping s'alliant avec la Corée du Nord et multipliant les échanges avec les Russes. Quant au Moyen-Orient, toute la région s'est embrasée, et les rares partenaires encore capables d'apaiser la situation n'ont plus les moyens d'intervenir. Dans ce chaos mondial, seuls les pays d'Amérique centrale et du Sud demeurent en marge des conflits. Depuis la dissolution des Nations Unies au milieu des années 2000, consécutive au fiasco de la guerre en Irak, la liberté telle que nous la connaissions est sérieusement menacée.
Agnes, hou-hou, tu es distraite. Les vestiaires sont de ce côté !
Tu as raison. J'étais plongée dans mes pensées. Allons vite nous changer. Tu entends ces bruits ? On dirait qu'il y a de l'agitation.
Tu connais les gars, c'est l'un des rares endroits où ils peuvent se relâcher. Mais je parie que ce cher Eros se fait encore remarquer.
Eros ? C'est qui ?
C'est un enseigne qui se charge de la révision des systèmes Sol-air. Tu verras, c'est un joyeux fêtard. Il paraît que les collègues de sa section lui ont attribué la décoration honorifique de celui qui a la plus longue. Tu vois le genre…
Charmant et tellement délicat.
Angie ouvre la porte, et nous pénétrons dans le vestiaire. Je ne peux que constater qu'elle avait encore raison. Il y a une ambiance festive avec un gars, nu comme un vers, qui danse au milieu d'une foule en délire. Certains sont partiellement dévêtus, des rires et des exclamations résonnent dans l'air. Des officiers en uniforme côtoient d'autres en caleçon, et quelques audacieuses se permettent même d'être seins nus.
♪♫ I'm too sexy for my shirt,
♪♫ too sexy for my shirt,
♪♫ So sexy it hurts…
🎶
J'adore ce genre de moment où je vais devoir montrer mon autorité. Dans ce type de situation, nous savons quoi faire. Observez les vraies professionnelles à l’œuvre.
CAPITAINE DANS LES VESTIAIRES !
Le vacarme laisse immédiatement place à un silence divin. Les officiers se mettent instinctivement au garde-à-vous. Même le fameux danseur nudiste, qui semble maintenant tellement ridicule. Je me dirige vers lui et je le regarde droit dans les yeux.
Votre nom, grade, et matricule.
Enseigne Eros Vitos, matricule 0101.69.999.66, Madame !
Enseigne, on dit Capitaine lorsqu'on s'adresse à un capitaine !
Oui Commandeur !
Eh bien Eros, ramasse tes outils et si tu ne veux pas recevoir un blâme dans ton dossier, va récurer les toilettes avec ta brosse à dents.
À vos ordres capitaine… Heu… Vraiment désolé Capitaine.
Enseigne Vitos, encore une dernière chose…
Oui Capitaine.
Enfilez un pantalon !
Oui Capitaine ! À vos ordres Capitaine !
À tout le monde, votre attention s'il vous plaît ! Dans ce lieu, que vous soyez un homme, une femme, ou un petit bonhomme vert, vous êtes libres de vous y balader à poil si ça vous chante, mais rappelez-vous qu'il est ouvert à tous. Par conséquent, soyez respectueux envers les personnes qui le fréquentent. Repos !
Comme un balai parfaitement synchronisé, la foule reprend ses activités. Une fois le calme retrouvé et la voie dégagée, on se dirige vers nos casiers. Malgré le manque d'intimité dans cet endroit, nous nous débarrassons de notre tenue civile. Comme d'habitude, Angie attire l’œil avec ses sous-vêtements rose bonbon. Je lui ai déjà dit 100 fois d'éviter de choisir des couleurs trop vives, mais elle n'en fait qu'à sa tête. Vu le retard que nous avons pris, nous ne nous attardons pas sur ces détails sans importance et nous enfilons en quatrième vitesse chacune l'uniforme : un pantalon noir, un chemisier blanc, une cravate, un long pardessus noir, des bottines noires, et un badge de notre section accroché fièrement sur la poitrine. C'est un style très bureaucrate à la MIB, mais que voulez-vous, c'est la tenue réglementaire pour les officiers supérieurs de la Flotte Spéciale.

Une fois prêtes, nous sortons des vestiaires et on reprend notre route dans ce dédale où l'on s'y perd aisément malgré qu'il me soit familier. L'espace est vaste, avec pas moins d'une cinquantaine d'étages qui s'étendent à perte de vue. Les murs, d'un blanc étincelant, reflètent la lumière provenant de sources non identifiées, créant une atmosphère presque irréelle. Les technologies présentes dans ces lieux sont avancées et hors de portée du grand public, témoignant du niveau de sophistication et de préparation de l'alliance Otanienne.
Finalement, on atteint une imposante porte qui mène à un hangar. Nous marquons un arrêt un bref instant pour prendre conscience que derrière, nous prendrons officiellement nos fonctions pour la journée.