Épisode 8. Le Mercator

Contexte
- Terre
- Bruxelles
- Bunker Otanien #1
- Hangar
- USS Mercator
- Hall à navettes
Personnages
Nom | Affiliation / Branche | Titre / Grade |
---|---|---|
Agnes V. Rodriguez | OTAN / Flotte Spéciale | Capitaine |
Angie Chen | OTAN / Flotte Spéciale | Commandeur |
Émilie Flores | OTAN / Flotte Spéciale | Enseigne |
Manifeste
USS Mercator | |
---|---|
Affiliation | OTAN |
Localisation | Amarré dans le Bunker #1 (Bruxelles) |
Capitaine | Agnes V. Rodriguez |
Premier officier | Angie Chen |
Communications | Émilie Flores |
Récit
Après cette inspection extérieure du Mercator, nous redescendons par un escalier qui mène à proximité de la rampe d'accès du vaisseau. Nous la traversons et pénétrons du côté tribord par la grande porte : Le hall à navettes.
Bonjour Capitaine Rodriguez, bonjour Commandeur Chen.
Bonjour Lieutenant.
Commandeur Chen, nous avons terminé les modifications que vous avez demandées. Vous voulez voir ?
C'est vrai ? Vous l'avez vraiment fait ?
Oui, oui, Commandeur Chen. Elle est par là. Suivez-moi. Il a été difficile de recalibrer les machines pour l'impression, mais je crois que nous avons réussi à obtenir les dimensions idéales et la bonne couleur.
Je ne doute pas de vos capacités, Lieutenant. Vous et votre équipe avez une bonne réputation de savoir-faire dans ce domaine.
Angie, tu veux bien m'expliquer ce qu'il se passe avec ce lieutenant ?
Rien de bien méchant Agnes. Viens, suivons-le.
Le sourire d'Angie en dit long. Avec elle, je peux m'attendre au pire, comme au meilleur. Je reste tout de même positive en la voyant amusée malgré les circonstances actuelles. Je les suis à travers le hall à navettes tout en regardant autour de moi. Au plafond, je peux apercevoir des toiles d'araignée. Charly n'exagérait pas quand il disait que ce vaisseau prend la poussière. Nous nous approchons d'une navette de la classe F. Angie et le lieutenant s'arrêtent devant elle.
Voilà Commandeur Chen. Nous avons suivi vos instructions à la lettre.
J'observe Angie et le lieutenant et je me demande vraiment de quoi ils parlent. Puis, je fixe la navette sur le flanc avant, et là, il me faut toute ma volonté pour ne pas m'esclaffer comme une hyène délurée.
Non, sérieux, Angie ! Dis-moi que tu ne leur as pas demandé de faire ça ?
Si, si, j'ai osé. Elle est trop cool, hein.
Capitaine Rodriguez, j'ai juste suivi les ordres du Commandeur Chen.
Il n'y a pas de mal lieutenant.
Hi Hi Hi.
Choupette 53 !!! Tu aurais pu choisir un nom un peu moins, heu, comment dire, heu, folklorique.
C'est mon choix. Je te rappelle qu'en tant que Commandeur et premier officier de ce vaisseau, j'ai l'autorité pour changer le nom et le matricule des navettes à ma convenance sans avoir à te demander ton avis.
C'est exact, mais la prochaine fois, choisis un nom plus sérieux. Et tant qu'on est dans les surprises, dois-je m'attendre à l'arrivée des avocats de Mickey Mouse pour une histoire de plagiat ?
Heu, je n'y avais pas pensé.
Mwouai !
Vous pouvez disposer Lieutenant. Et merci pour le temps que vous avez consacré à ce chef-d’œuvre.
Merci Commandeur Chen.
Nous reprenons notre marche et sortons du hall, laissant derrière nous Choupette 53. Je regarde Angie du coin de l’œil. Elle m'étonnera toujours par sa capacité de changer d'humeur en un claquement de doigt. Dans les couloirs, les officiers vaquent à leurs occupations, saluant d'un signe de tête ou échangeant quelques mots. L'atmosphère est calme, typique d'un lundi matin ordinaire à bord du vaisseau. Soudain, j'entends un fracas retentir au bout de la coursive. Des pas pressés, des excuses hâtives. Les officiers se retournent, légèrement bousculés par une enseigne qui court en prenant une posture légèrement recroquevillée, avec les mains solidement placées devant son entre-jambes. Je plisse les yeux, observant cette course effrénée.
Pardon… heu… pardon… Excusez-moi… s'il-vous-plaît, laissez passer… il y a urgence…
Elle arrive à notre niveau enfin, et entre deux respirations haletantes, elle trouve le temps de nous saluer avec un simple B'jour, Cap'tain, Com'der.
Puis elle s'éloigne, laissant derrière elle un sillage de perplexité.

Hey, Flores ! Qu'est-ce qui se passe ?
Pas l'temps Com'der, désolée, besoin pressant…
Flores ! Les toilettes pour dames sont à droite !
Nous nous précipitons vers la pièce de gauche où l'enseigne s'est engouffrée. C'est avec une stupéfaction non dissimulée que nous la découvrons debout, le pantalon baissé jusqu'aux chevilles, devant un urinoir, en train de faire pipi. Je me dirige vers l'évier et j'arrache un morceau de papier hygiénique que je lui tends.
Merci Capitaine,
Vous avez frôlé la catastrophe, Flores. J'ai bien cru que le Mercator allait se transformer en aquarium !
Pardon Commandeur. Je ne connais pas encore très bien le vaisseau. Je n'avais plus le temps d'attendre et j'ai dû improviser.
Maintenant vous savez que ce sont les toilettes pour hommes ici. À l'avenir, essayez de prendre vos dispositions avant de commencer votre service.
Oui Commandeur. C'est ce que je fais habituellement, mais aujourd'hui j'ai pris du retard à cause du SonicShuttle qui est resté coincé à la gare du Luxembourg.
Ne vous justifiez pas Flores. Remontez votre pantalon avant que quelqu'un ne voit vos petites fesses et reprenez votre poste sur la passerelle dés que possible.
À vos ordres Commandeur !
Nous sortons des toilettes pour hommes et continuons notre parcours. Si vous vous demandez ce qu'est le SonicShuttle, sachez que c'est un véhicule qui se déplace à la vitesse du son dans le réseau souterrain AspiroTube qui relie tous les bunkers de l'alliance. C'est un système similaire à l'Hyperloop proposé par Elon Musk il y a quelques années déjà. Ce réseau est principalement utilisé pour le fret et le déplacement du personnel. Personnellement, je ne l'ai jamais emprunté, préférant ma chère Ducati.
Tu crois que le transport était réellement en panne ce matin ?
C'est probable. Je n'ai pas d'info. Il faut dire aussi que ce n'est pas notre secteur d'activités. Émilie n'est pas le genre de fille a raconter des histoires à dormir debout. J'ai tendance à lui laisser le bénéfice du doute.
Tu n'aurais jamais dû recruter cet officier.
Pourquoi tu dis ça ?
Elle est trop jeune, immature et elle essaie de se justifier sans cesse. Sa réaction ce matin l'a encore prouvé.
Certes, elle a 19 ans, mais elle a déjà un CV long comme le bras. On ne trouvera pas mieux comme experte en cryptographie et décryptage de données sécurisées. Le MI6 lui a fait confiance et moi aussi. Laisse-lui le temps pour qu'elle prenne ses marques. Après tout, elle n'est là que depuis une semaine et en plus elle me rappelle une certaine Angie.
Oui, tu as peut-être raison.
Regarde les choses positivement. Qui sait, elle pourra peut-être un jour t'apprendre à faire pipi debout dans l'urgence.
Ah ah ! Cette blague-là n'est pas drôle.