Épisode 20. En orbite

Contexte
- Terre
- Bruxelles
- USS Mercator
- Passerelle
Personnages
Nom | Affiliation / Branche | Titre / Grade |
---|---|---|
Agnes V. Rodriguez | OTAN / Flotte Spéciale | Capitaine |
Éric Corda | OTAN / Flotte Spéciale | Lieutenant-Commandeur |
Émilie Flores | OTAN / Flotte Spéciale | Enseigne |
Charlène Savea | OTAN / Flotte Spéciale | Lieutenant |
Manu | OTAN / Flotte Spéciale | Civil réquisitionné |
Victor S. Calpel | OTAN / Flotte Spéciale | Docteur |
Manifeste
USS Mercator | |
---|---|
Affiliation | OTAN |
Localisation | Au Cœur du champignon atomique à Bruxelles |
Capitaine | Agnes V. Rodriguez |
Premier officier | Angie Chen |
Pilote | Éric Corda |
Communications | Émilie Flores |
Opérations | Charlène Savea |
Armement avancé | Eros Vitos |
Infirmerie | Victor S. Calpel |
Technicien de surface | Manu |
Passagers | 12.000 Réfugiés (Estimation) Dirigeants (Hillary Clinton et autres Chefs d'état) |
Récit
L'instant est critique. Nous avons encaissé l’onde de choc, mais maintenant, c’est une autre menace qui nous broie. Depuis près de deux minutes, le Mercator est piégé dans le stipe, cette colonne infernale de gaz surchauffés qui nous aspire toujours plus dans le cœur du champignon. En théorie, elle devrait s’atténuer… mais nous n’avons plus le luxe d’attendre. Nos boucliers s’effritent à vue d’œil, chaque alerte sur nos écrans le confirme. Si nous restons prisonniers une seconde de plus, nous finirons désintégrés ou projetés comme un vulgaire débris à la merci de la gravité.
La torpille de Vitos explose à l’arrière du vaisseau. L’impact est brutal. En un instant, notre inertie bascule : nous sommes violemment projetés vers le sol, attirés par une gravité qui ne pardonne pas. La passerelle tremble sous la force du choc, et je me cramponne sur la 2e console de pilotage. À mes côtés, le lieutenant-commandeur Corda suit mes manœuvres au millimètre, ses doigts courant sur les commandes, sa respiration courte mais maîtrisée. Nous sommes seuls face à la trajectoire. Seuls face à cette chute qui pourrait être la dernière.
Vitesse : 352 km/h et en accélération, altitude : 10.727 mètres, inclinaison : 87°, capitaine.
Bien Corda. Conservez le cap !
Le vaisseau entier vibre sous la pression. Mes mains crispées sur les commandes, je sens mon corps s’écraser contre le siège, chaque muscle tiré à l’extrême par l’accélération brutale. L’air devient plus lourd, chaque inspiration plus difficile. La structure du vaisseau grince, proteste, mais tient bon.
Vitesse : 727 km/h, altitude : 6.597 mètres, inclinaison : 63°.
Activez les propulseurs verticaux de la soucoupe pendant que je redresse progressivement le manche.
Le Mercator se cabre, luttant comme une bête blessée contre l’attraction terrestre qui veut nous broyer. Un seul faux mouvement, et nous plongerons tête la première à une vitesse inarrêtable. Les capteurs hurlent, les écrans clignotent, mais je ne les regarde plus. Il ne reste que la trajectoire, la sensation du manche entre mes doigts, et cette unique certitude : si nous échouons maintenant, c’est terminé.
Propulseurs verticaux de la soucoupe enclenchés. Vitesse : 1.425 km/h, altitude : 2.023 mètres, inclinaison : 21°.
Tenez bon ! Ce n'est pas le moment de flancher !
À peine à 300 mètres au-dessus du sol et à une vitesse de plus de 2.500 km/h, le Mercator se redresse dans les airs. Nous reprenons de l'altitude et contournons le 2e champignon radioactif qui s'est formé à une trentaine de kilomètres du premier impact. Dans un état précaire, nous parvenons péniblement à atteindre l'orbite basse de la Terre où je demande à Monsieur Corda de stabiliser notre position.
Sur la passerelle, le chaos règne alors que les ressources énergétiques s'amenuisent. Les lumières de secours vacillent et s'éteignent les unes après les autres, des débris jonchent le sol et les sièges sont renversés. Mes officiers sont complètement épuisés. Charlène a la tête posée sur sa console. Eric, assis sur son siège, laisse pendre ses bras et Émilie s'est allongée par terre. Notre situation s'avère peu encourageante. Quant à moi, mon regard se fige sur l'écran qui ne retransmet plus que de la neige. Soudain, ma pensée se penche vers Angie. Je l'ai complètement oubliée. D'un sursaut, je me précipite vers Émilie que j'aide à se rassoir sur son siège.
Émilie, Émilie, réveillez-vous !
Heu, capitaine. On est où ?
Resaisissez-vous ! Essayez de rentrer en contact avec Angie dans le module 3.
Ma console n'est plus allumée.
Charlène, vérifiez que le module 3 est encore amarré au vaisseau.
J'ai besoin d'un peu de temps, capitaine.
Dépêchez-vous s'il vous plaît Charlène !
Je ne peux pas vous le dire, capitaine. Toutes les consoles sont déconnectées.
Émilie, vous avez un contact ?
Non capitaine, le lieutenant Savea a raison. Nos consoles sont coupées.
Émilie, lancez-moi un walkie-talkie qui se trouve sous votre poste et prenez-en un pour vous. Je vais aller moi-même au module 3 et on restera en contact. En attendant, essayez de remettre la passerelle en état de fonctionnement avec Charlène et Éric. Je veux que vous me fassiez un état des lieux du vaisseau.
À vos ordres capitaine.
Éric, la porte de l'ascenseur est coincée. Venez m'aider à l'ouvrir.
Il semblerait que nous soyons bloqué sur la passerelle, capitaine. L'ascenseur n'est plus alimenté.
Je vais me laisser glisser par ce câble jusqu'au niveau du couloir principal. Merci pour l'aide, Éric. Retournez à vos tâches, je vais me débrouiller pour descendre.
Soyez prudente capitaine, ça à l'air dangereux.
Les sports extrêmes, c'est mon truc. Descendre par la cage d'ascenseur, c'est un jeu d'enfants Éric.
Si vous l'dites. Bonne chance capitaine.
Pour descendre jusqu'en bas, j'abandonne mon pardessus à l'entrée de l'ascenseur. Ma cravate devient un gant improvisé que j'enroule autour de ma main droite. Je défais la ceinture de mon pantalon. Autour du câble, elle devient mon point d'ancrage, mon assurance vie. Le câble est maintenant sécurisé par la ceinture prête à supporter mon poids. Je prends une inspiration profonde et je me lance dans le vide.
À chaque mètre gagné, je resserre instinctivement la ceinture autour du câble, créant une résistance calculée pour ralentir ma descente. Arrivée sur le toit de la cabine, j'ouvre la trappe et m'y glisse à l'intérieur. Dans l'étroitesse de l'espace, je tire sur le levier de l'ouverture manuelle. Là, j'émerge dans le couloir principal du vaisseau.
C'est avec une stupeur effrayante que j'observe ce couloir. Des centaines de personnes s'y sont amassées. Il y a des cris et des pleurs qui résonnent et qui me glacent le sang. Je me dirige vers un infirmier qui soigne un homme allongé et qui grince des dents.
Comment va-t-il Docteur ?
Mal capitaine. Avec les protocoles de sécurité, nous n'avons plus accès aux infirmeries et nous manquons de matériel. Je n'ai plus de garrot pour sa jambe et il perd trop de sang.
La gravité de la situation est telle que je détourne un instant le regard du docteur pour évaluer l'agitation autour de moi. Soudain, une voix familière émerge du tumulte, captant mon attention.
Agnèèèes, c'est toi ?
Oooh Manu. Tu es là. Je suis heureuse de te revoir. Tu vas bien ? Tu n'es pas blessé ?
Heu, heu, c'est toi la capitaine ?
Je t'expliquerai plus tard Manu. Mais oui, c'est bien moi la putain de capitaine Rodriguez. Attends 2 secondes s'il te plaît.
ok, j'attends.
Docteur, prenez mon chemisier et improvisez un garrot sur votre patient. Je vais restaurer les accès aux secteurs du vaisseau. Vous avez croisé des officiers dans le coin ?
Non, pas dans ce secteur capitaine.
Et toi Manu ?
Non, mais il y en a dans l'autre section, mais elle est verrouillée.
Merci Manu. Patientes encore 2 secondes, je contacte la passerelle. Allo Émilie, c'est Rodriguez. Vous me recevez ?
Audio via walkie-talkies Oui capitaine, je suis là. Mais il y a des parasites et je vous entends très mal.
Où en êtes-vous avec les consoles ?
Audio via walkie-talkies C'est le générateur principal qui est le problème. S'il y a eu une surtension, il coupe automatiquement les systèmes non-vitaux. Il faut contacter la salle des machines.
OK, merci Émilie. Rodriguez terminé.
Tu devrais changer de fréquence.
Tu crois ?
Oui, on ne sait jamais. Avec ces vieux walkie-talkies, ça fonctionne que quand ça veut bien.
On verra ça plus tard. Viens avec moi. On va jusqu'au module 3. J'aurai peut-être besoin d'aide.
OK, je te suis. Heu, à propos, je dois t’appeler capitaine ?
Fais comme tu le sens Manu. Tu n'es pas officier, tu n'as aucune obligation.
Dans ce cas, je t'appellerai Agnes. C'est plus cool. Au passage, elle est pas mal ta brassière. Ça te donne un look d'enfer.
Heu, oui. Merci Manu.
Qu'est-ce qu'on va faire au module 3 ?
La commandeur Chen est là-bas et on n'a plus de nouvelle d'elle depuis l'évacuation.
Pourquoi tu ne demandes pas aux équipes de sécurité du bunker de t'aider ?
On n'est pas dans le bunker Manu. On est en orbite autour de la Terre.
Quoi ? ! ? Ne me dis pas qu'on est dans l'espace ! Comment est-ce possible ?
Si. L'évacuation ne s'est pas tout à fait déroulée comme prévu. C'est le prochain couloir à droite je crois.
Mazette ! Heu oui, l'entrée du module 3 est par là. Et nous allons rester dans l'espace ?
Pour le moment, nous n'allons nulle part, tant qu'on n'aura pas repris le contrôle total du vaisseau. Nous y voilà. Le voyant sur la baie est vert. Ouf ! Nous n'avons pas perdu le module, mais l'accès est verrouillé.
Comment procède-t'on pour l'ouvrir ?
Il y a un petit clavier à droite du sas. Je dois y saisir mes codes de sécurité sur ce dispositif d'accès.
Je tends la main vers le panneau de contrôle, mais il clignote étrangement. L’écran affiche un message d’erreur que je n’ai jamais vu auparavant. Mon cœur rate un battement. Verrouillage d’urgence. Accès restreint. Ça, ce n’est pas bon signe. Je respire profondément et saisis mon identifiant, suivie de ma clé de commandement. Un bip retentit. Une seconde d’attente. Puis deux. L’interface semble hésiter… avant d’afficher un décompte.
5… 4… 3…
Un cliquetis métallique résonne derrière la porte. Quelque chose se déverrouille. Manu recule légèrement.
2… 1…
Un grondement sourd traverse la structure du sas. Puis, d’un coup sec, la baie se soulève dans un fracas métallique. Un courant d’air froid nous frappe, soulevant la poussière et les débris accumulés au sol. L’éclairage du module vacille. Un silence pesant s’installe. Je jette un regard à Manu, puis nous pénétrons dans le sas du module 3…